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“L’islamophobie en France : enjeux théoriques et méthodologiques”- Séminaire 2011/2012

2 juin 2014 admin 0

Animé par Abdellali Hajjat, maître de conférences à l’université Paris-Ouest Nanterre Marwan Mohammed, chargé de recherche CNRS (CMH-ERIS) Dates : les 1er et 3e mercredis du mois de 11 h à 13 h, du 2 novembre 2011 au 16 mai 2012. Lieu : EHESS, salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris. http://islamophobie.hypotheses.org/programme-2011-2012-du-seminaire Dans l’espace public français, la « question musulmane » est au cœur de controverses multiples et répétées remettant en cause la légitimité de la présence des (présumés) musulmans sur le territoire national, qu’ils soient étrangers ou citoyens. Au moins depuis la fin de la guerre d’Algérie, l’hostilité, revendiquée ou implicite, à l’encontre des musulmans s’est traduite par une telle inflation de discours de disqualification et de pratiques discriminatoires que certains chercheurs parlent de racisme respectable ou d’islamophobie. Si les pratiques religieuses des musulmans de France sont relativement bien connues des sciences sociales françaises, l’islamophobie n’a pas encore fait l’objet d’enquêtes historiques et sociologiques de grande ampleur. La situation française contraste avec celle du monde universitaire anglophone, où se s’accumulent les travaux pluri-disciplinaires sur le concept d’islamophobie désignant, selon certains chercheurs, « les attitudes et les émotions négatives et indiscriminées dirigées contre l’islam ou les musulmans ». L’objectif de ce séminaire est de faire un bilan critique des recherches existantes et d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche. Après avoir interrogé la valeur heuristique du concept d’islamophobie, le séminaire vise à analyser le processus de construction du « problème musulman » dans la France contemporaine, en le comparant notamment avec les précédents historiques de l’histoire coloniale. En insistant sur l’importance des configurations et des stratégies des acteurs, il s’agit d’étudier le phénomène de « racialisation religieuse » qui tend à expliquer la réalité sociale par des facteurs racialo-religieux et qui semble se diffuser dans plusieurs espaces sociaux (médiatique, politique, scolaire, administratif, etc.). Il s’agit aussi d’analyser les effets produits par l’islamophobie discursive, tant pour ceux qui l’énoncent (rétribution symbolique ou matérielle de la « cause islamophobe ») que pour ceux qui la subissent (l’islamophobie en actes, c’est-à-dire les pratiques discriminatoires visant spécifiquement les musulmans). Ceci pose la question de la mesure du phénomène par des indicateurs scientifiquement établis et par l’élaboration d’une méthodologie appropriée. Il s’agit enfin d’étudier la réception du discours islamophobe par les musulmans (enquête de « victimation ») et les formes de contestation de l’islamophobie par l’action collective et la mobilisation du droit anti-discrimination.   Séance du 2 novembre 2011 A. Hajjat et M. Mohammed : « État des lieux de la recherche et discussion du concept d’islamophobie ». Thème : Constructions et circulations des représentations européennes de l’islam et des musulmans Séance du 16 novembre 2011 John V. Tolan (Université de Nantes) : « Racines médiévales de l’islamophobie européenne ? ». Séance du 7 décembre 2011 Ann Thomson (Université Paris 8) : « L’Europe des Lumières et le monde musulman. Une alterité ambiguë ». Séance du 4 janvier 2012 Thomas Deltombe : « La construction médiatique de l’islamophobie en France (1975-2005) ». Thème : Islamophobie et discours scientifiques Séance du 18 janvier 2012 Carole Reynaud Paligot (Université de New York à Paris) : « Déterminisme racial ou religieux ? Anthropologues, islamologues et représentations des indigènes musulmans colonisés ». Séance du 1er février 2012 Olivier Le Cour Grandmaison (Université d’Evry-Val d’Essonne) : « Immigration et Islam: représentations et stigmatisation (1920-1950) ». Séance du 15 février 2012 Julien Beaugé (Université Picardie Jules Verne) : « La ”science du voile” : discours scientifiques sur la signification du port du hijab ». Séance du 7 mars 2012 Max Lejbowicz (Université Paris I) : « Interrogations sur l’affaire Gouguenheim ». Thème : Politisation de la question musulmane Séance du 21 mars 2012 Bruno Cousin (Université Lille I) et Tommaso Vitale (Sciences Po) : « Le moment Fallaci de l’espace public italien (2001-2006). Origines, modalités et effets d’un magistère intellectuel islamophobe ». Séance du 4 avril 2012 Françoise Lorcerie (CNRS-IREMAM) : « La politisation du voile ». Séance du 2 mai 2012 Laurent Bonelli (Université Paris-Ouest Nanterre) : « Variations sur la menace globale : les services de renseignements et le “péril islamique” (France, Espagne, Royaume-Uni) ». Séance du 16 mai 2012

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“Sociologie de l’islamophobie” Numéro spécial (revue Sociologie, n°1, v.5, 2014)

28 mai 2014 admin 0

  Coordonné par Abdellali HAJJAT & Marwan MOHAMMED Lien: http://sociologie.revues.org/   «…la sociologie de l’islamophobie se développe rapidement, depuis environ une décennie, dans de nombreuses universités européennes et nord‑américaines. Phénomène à l’ampleur croissante dont la mesure quantitative se diversifie et se développe, l’islamophobie – comme concept et comme phénomène – est en France l’objet de puissantes résistances dans les champs académique et politique. Des résistances qui résultent d’une part de campagnes de bannissement d’ordre idéologique, mais dont la force provient également de traditions politiques, philosophiques et théoriques qui rendent inintelligible l’affirmation publique, notamment vestimentaire, d’une religiosité visible.» Table des matières INTRODUCTION Marwan MOHAMMED Un nouveau champ de recherche Lien: http://sociologie.revues.org/2108 BILAN CRITIQUE Houda ASAL Islamophobie : la fabrique d’un nouveau concept. État des lieux de la recherche http://sociologie.revues.org/2185 ENQUÊTES Julien BEAUGÉ & Abdellali HAJJAT Élites françaises et construction du « problème musulman ». Le cas du Haut Conseil à l’intégration (1989-2012) http://sociologie.revues.org/2109 Bruno COUSIN & Tommaso VITALE Le magistère intellectuel islamophobe d’Oriana Fallaci. Origines et modalités du succès italien de la « Trilogie sur l’Islam et l’Occident » (2001-2006) http://sociologie.revues.org/2195 DÉBATS Valérie AMIRAUX Visibilité, transparence et commérage : de quelques conditions de possibilité de l’islamophobie… et de la citoyenneté http://sociologie.revues.org/2205 COMPTES RENDUS Houda ASAL George Morgan & Scott Poynting (ed.), Global Islamophobia: Muslims and Moral Panic in the West http://sociologie.revues.org/2210

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Mémoire du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques de Montréal

21 février 2014 admin 0

Un excellent mémoire du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques de Montréal*…Des féministes conscientes des problématiques de classe, d’ethnicité et de l’instrumentalisation de la laicité et du féminisme par ce gouvernement populiste-identitaire. En voici quelques extrais: «Le projet de loi 60, la Charte des valeurs québécoises proposée, fait une interprétation intégriste du sécularisme afin de faire la guerre contre les minorités religieuses. Les résultats immédiats de ce projet de loi se font déjà ressentir lors de débats approuvés par l’État qui sont en réalité des attaques et qui accroissent simultanément la discrimination et l’agression patriarcale et raciste envers les femmes musulmanes voilées. L’analyse qui suit démontrera que cette Charte proposée est fondamentalement déficiente. Le projet de loi 60 représente l’anti-égalité, l’anti-équité dans les sphères des genres, des races, des religions, particulièrement l’Islam. Tel qu’énoncé par Me Eliadis, « si cette haine avait été instiguée par quelqu’un qui n’aurait pas été protégé par des privilèges parlementaires, cette personne aurait été confrontée à la loi contre les discours haineux » «En 2008, la commission Bouchard-Taylor, à qui nous avions aussi présenté un dossier et avec laquelle nous nous étions longuement entretenues, a publié un rapport. Parmi leurs « recommandations prioritaires » figurait « …la lutte contre l’inégalité et la discrimination ». Nos recommandations en ce sens se concentraient sur « l’urgence de lutter contre toutes formes de discrimination, l’islamophobie, l’antisémitisme et le racisme auquel est particulièrement sujette la communauté noire ;… offrir du soutien aux femmes immigrantes » «Nous sommes choquées de constater que notre gouvernement vise à mettre en œuvre des pratiques qui excluraient de certaines fonctions publiques des musulmanes qui décident de porter le voile. Nous savons où mènent de pareilles mesures. L’histoire a démontré que les lois qui s’attaquent aux minorités engendrent une tyrannie de la majorité (en l’occurrence, la majorité judéo-chrétienne) et mettent fin au pluralisme et à l’acceptation. Le gouvernement s’est engagé sur un terrain glissant et il faudrait mieux faire demi-tour. » «L’aspiration à la laïcité du Parti Québécois est ancrée dans une longue tradition de souveraineté libérale et de nationalisme conservateur aux valeurs républicaines françaises et aux discours de droite en ce qui a trait à l’égalité et à la liberté. Ce discours est né dans le contexte passé de la mission coloniale de l’Europe et continue à se perpétrer encore aujourd’hui. Derrière la Charte des valeurs se cachent des prétentions de modernité, de progrès et la croyance que seule la laïcité peut sauver les gens ‘pré-modernes’, ‘moins évolués’ qui pratiquent une religion. La Charte perpétue la ‘mission colonisatrice et coloniale’, le ‘fardeau de l’homme blanc’, faisant la promotion de la ‘supériorité de la culture et des valeurs’ des québécois blancs francophones. » «La Charte plaît à plusieurs Québécois francophones, ceux qui sont obsédés avec la généalogie et la localisation précise de leurs ancêtres ici au Québec et là-bas en France. Sous cette obsession se cache le désir de provenir de la souche, de former une race pure. Cette peur de perdre le sentiment de chez-soi est en quelque sorte une forme d’eugénisme : la peur de l’Autre, défini par sa race et menaçant la pureté de la race d’ici. Dans cette optique, la Charte convient bien aux nationalistes de droite. Cette situation est similaire au climat social de la France où le Front national est en ascension.» «La Charte québécoise des valeurs a déclenché des réactions racistes, xénophobes et en particulier islamophobes, malgré les références aux turbans des hommes sikhs et des kippas des hommes juifs. Les personnes les plus touchées par cette Charte, comme l’ont montré les débats des derniers mois, sont les femmes et plus particulièrement la femme musulmane. C’est elle qui personnifie cet étranger menaçant la culture et l’identité nationales. C’est elle qui est l’Autre, qui ne fait pas partie du Québec, bien qu’elle soit souvent née ici, qu’elle provient de la souche, qu’elle habite ici et qu’elle parle français. L’association religion-ethnicité démontre une ignorance profonde puisque nombre de femmes musulmanes voilées sont nées ici, elles sont de souche. Plus récemment, la polémique survenue à Verdun concernant des éducatrices à la petite-enfance portant le niqab a engendré des discours haineux et misogynes : « deux balles ; c’est la saison de la chasse, allons-y ! », « brulons ces femmes et violons les comme des porcs ! » Et nous posons la question, où sont les statistiques qui confirmeraient la peur de l’invasion des musulmanes voilées ?» «Ce discours tenu par le groupe PDF assume que la race, la sexualité, les conditions économiques, la religion n’ont aucune incidence sur les relations entre les hommes et les femmes. Cet universalisme est une sorte de paternalisme. Les féministes bourgeoises et blanches se trompent si elles pensent qu’elles parlent au nom de toutes les femmes, et plus particulièrement des femmes discriminées et exclues. Les droits individuels et le droit de pratiquer une religion sont bafoués par le supposé bien-être commun et collectif acquis par la pratique de valeurs universelles et abstraites qui n’ont pas d’égard aux genres. Voilà un exemple de la célèbre phrase de Spivak (1988), des « femmes blanches qui sauvent les femmes noires des hommes noirs ». De croire que la femme non-voilée peut et doit parler au nom de la femme voilée est en soi une vision coloniale et paternaliste – le fardeau de la femme blanche !» *Le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques de Montréal (CCFSA) est une association féministe qui milite depuis une trentaine d’années pour les droits des femmes. Le CCFSA a pris part à plusieurs activités anti-charte organisées par le Collectif Québécois Contre l’islamophobie. Il a été l’une des sept associations à appuyer la grande manifestation du 14 septembre 2013 et la caravane de la liberté en direction de l’Assemblée nationale le 06 octobre 2013. Mémoire pour la consultation concernant loi n° 60, Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement.   http://www.sawcc-ccfsa.ca/EN/wp-content/uploads/2014/01/Brief-en-francais.pdf